Le jeudi 26 septembre dernier, Mme Christiane Gautreneau est
venue témoigner de son enfance vécue à Berlin aux élèves de Terminale
européenne allemand. Née au milieu de la seconde guerre mondiale, elle s’est
remémorée de façon précise les destructions spectaculaires subies par Berlin
lors des bombardements aériens et des combats d’avril 1945. Elle se rappela
également du rôle fondamental des femmes, appelées « Trümmerfrauen »
qui ont participé à la reconstruction de la ville après-guerre. Mais la partie
centrale de son intervention concerna le blocus de Berlin. Elle expliqua aux
élèves que depuis 1945, la ville de Berlin était divisée en quatre secteurs d’occupation :
américain, britannique et français à l’ouest ; soviétique à l’est. En juin
1948, Staline saisi le prétexte de l’introduction d’une nouvelle monnaie dans
la zone occidentale, ce qui était interdit sans concertation avec les Russes par
la conférence de Potsdam de juillet 1945, pour mettre en place un blocus
terrestre de toutes les voies d’accès à Berlin ouest. Staline pensait ainsi
affamer rapidement cette partie de la ville qui constituait une sorte d’ile
dans le secteur d’occupation soviétique. Mais les américains ripostèrent en mettant
en place un pont aérien, grâce à l’idée du Général Lucius D. Clay. Mme
Gautreneau habitait alors à proximité immédiate de l’aéroport de Tempelhof qui
fut le lieu central du pont aérien. Un avion y atterrissait toutes les unes à
deux minutes environ, ramenant des denrées alimentaires, des médicaments, des
vêtements et même le charbon pour se chauffer durant l’hiver. Les rotations de
ces avions furent intenses entre fin juin 1948 et le 12 mai 1949. Elle a
expliqué que ces appareils furent surnommés « Rosinenbomber », nom qui
provient des petits paquets que les américains parachutaient avant. Ces paquets
étaient lancés par les pilotes par la fenêtre de leurs cockpits et comprenaient
des petits parachutes bricolés. Ils étaient très attendus par les enfants pour
les chocolats, les sucreries et les raisins secs mis à l'intérieur. La ville de
Berlin-ouest fut ainsi éternellement reconnaissante à ces pilotes américains
qui ont sauvé les habitants d’une famine certaine. Et dire que ces pilotes
étaient souvent les mêmes que ceux qui avaient bombardé Berlin durant la
seconde guerre mondiale !
Pour conclure son intervention, Mme Gautreneau s’est encore
remémorée d’autres souvenirs comme la construction du mur de Berlin en août
1961 et le fameux discours du Président Kennedy, auquel elle a assisté dans la
foule. Prononcé le 26 juin 1963 devant l’hôtel de ville de Schöneberg à l’occasion
du 15e anniversaire du blocus de Berlin, il prononça la célèbre phrase :
« Ich bin ein Berliner ! »
Mathieu DANNER