À la rencontre de l’autre… au cœur de nos émotions pour apprendre… à travers le partage : trésor inestimable pour développer l’intelligence du cœur
Durant les mois d’octobre et de novembre 2021, tous les mardis matin, 4 élèves de la classe de Terminale ST2S (Sciences et Technologies de la Santé et du Social) ont partagé le quotidien de l’une des équipes de l’association Sahel Vert et des jeunes qu’elle accueille et accompagne. C’est sur le site de la “dynamitière” au cœur de la forêt de Nonnenbruch, à la croisée des forêts de Wittenheim et de Wittelsheim, qu’ils ont vécu une matinée pas comme les autres.
L’idée de départ est simple : partager un temps de la vie des mineurs accueillis. « On a fait des activités dans la joie, dans les rires… on a cuisiné tous ensemble ». Jardinage, cuisine, accompagnement du troupeau de moutons, participation à des réunions, à l’accompagnement, les jeunes ont pu vivre des activités variées.
Cette démarche innovante offre l’occasion d’ancrer l’enseignement des Sciences et Techniques Sanitaires et Sociales et des Méthodologies d’étude et de projet dans les réalités de terrain. Les jeunes, bousculés dans leurs représentations, secoués dans leurs certitudes, témoignent : « çà a été une expérience enrichissante qui m’a permis de voir un autre monde où les inégalités sont fortes ». Les qualificatifs sont nombreux pour désigner l’expérience : « constructive », « intéressante », faite de « découvertes », « créatrice de liens », … Les questionnés disent avoir « assisté à un autre mode de vie », découvert « la face cachée d’un projet », « un monde différent de celui qu’on connait » …
Si les phrases positives sont nombreuses, certains soulignent leurs difficultés à entrer en contact avec les personnes présentes, le sentiment d’avoir été exclus alors même qu’ils prennent conscience de leur peur de prendre la parole. D’autres, regrettent, de n’avoir pu réaliser de « réelles activités » avec les jeunes.
Cette démarche pédagogique apprend aux élèves « bénéficiaires-acteurs » comme les personnes impliquées dans l’association à « devoir accepter qu’il y a plein d’imprévus dans toutes les situations » comme le souligne l’une des participantes. Dans l’association, on répond que : « C’est une liberté que de profiter de l’inattendu », une liberté que l’on apprend à s’octroyer, dans le cadre d’un collectif, pour vivre les événements et OSER. La démarche de projet n’est pas que celle décrite dans les livres : « il y a beaucoup de choses à prendre en compte pour réaliser un projet » mais ce qu’il faut retenir est que « tout ce qu’on entreprend mène à un but dès lors que l’on créé du lien, que l’on fait l’effort d’aller vers les autres… ». L’ensemble de ces phrases d’élèves montre que l’apprentissage par l’expérience les conduit vers une approche systémique du monde dont l’effet est de bousculer leurs croyances et de leur faire ressentir les valeurs humaines présentes en chacun d’eux.
C’est un sentiment de gratitude qui nait aussi de ce vécu : « Quelle chance nous avons d’avoir ce que l’on a », «J’ai pu me rendre compte de la chance qu’on a d’aller à l’école, d’avoir une maison, de manger à notre faim alors que dans d’autres pays, ce n’est malheureusement pas possible », « beaucoup d’entre nous ne retiennent que les mauvais aspects de la vie, le négatif… mais, la bienveillance qui règne autour des jeunes m’a fait ressentir l’humanité de ces actions d’entraide. J’ai découvert une autre facette de la vie, triste et joyeuse à la fois … J’admire le courage de ces jeunes qui ont traversé des évènements tellement difficiles et douloureux qu’ils ont des difficultés à exprimer leurs émotions par des mots… Sur leur visage, on pouvait lire une sorte de tristesse et dans leur sourire l’envie de s’en sortir… Aller au cœur d’un monde parallèle au mien m’a donné une grande leçon de vie. Sahel Vert a été pour moi une expérience inoubliable, bouleversante et enrichissante. », ce dernier témoignage révèle la multitude des émotions vécues.
À la question finale du questionnaire d’évaluation : « En quoi avez-vous eu le sentiment de participer à une action qui permet le développement social des territoires ? », les jeunes évoquent pour certains : « leur joie d’avoir pu participer aux activités, aux tâches quotidiennes, au comité de pilotage, d’avoir été au côté de ces jeunes pour trouver les meilleures solutions possibles pour leur intégration ». Pour qualifier cet élan de développement, ils utilisent les mots « présence, être au côté de, construire, accueillir, prendre part, conduire… ».
Cette rencontre avec l’autre dans sa différence révèle le potentiel de compétences qui réside en chacun de nous pour devenir des générateurs d’inclusion à chaque instant. Inclure l’autre pour découvrir qu’il est une partie de soi. Cette expérience inspire une prise de conscience inattendue et une aptitude à changer nos représentations et nos états d’esprit. Au cœur de la nature qu’offre le site de la “dynamitière”, chacun a pu découvrir sa nature pour se relier au monde.
Amélie QUINTANA